Nous voyons combien la réalité nous satisfait peu
malgré nos prétentions ; aussi, […] entretenons-nous au-dedans
de nous toute une vie de fantaisie, en réalisant nos désirs […].
L’homme énergique et qui réussit, c’est celui qui parvient à
transmuer en réalités les fantaisies du désir. Quand cette
transmutation échoue par la chute des circonstances extérieures et de
la faiblesse de l’individu, celui-ci […] se retire dans l’univers
plus heureux de son rêve ; en cas de maladie, il en transforme le
contenu en symptômes.
Sigmund Freud
Qui peut-être “ médecin de l’âme ” ?
Bref aperçu historique Psychothérapie
pour tous Êtes-vous type ou pas
type ? Chez le
psychanalyste La
Gestalt-thérapie La consultation
familiale L’opinion du psychologue existentialiste
Qui ne
risque rien n’a rien
“ La
psychothérapie est le sommet de la médecine naturelle. ” “ En
Hongrie, les naturopathes ne peuvent officiellement poursuivre des séances de
psychothérapie. ” Si ces deux affirmations sont vraies, elles démontrent
généralement la complexité du traitement, et en particulier les
contradictions découlant de l’interpénétration complexe du corps et de
l’esprit.
Que ce fait soit reconnu
officiellement ou non, la médecine alternative s’occupe fondamentalement des
maladies psychosomatiques, maladies qui sont directement ou indirectement liées
à la sphère subconsciente du psychique humain. Et le psychothérapeute est la
personne qui – pardonnez-moi le jeu de mot – est consciemment capable de
communiquer avec le subconscient.
La psychothérapie étant
une thérapeutique de l’esprit, elle peut toutefois servir à guérir non pas
seulement les maladies psychiques, mais également physiques. D’autre part, le
naturopathe s’évertue en premier lieu à rétablir la santé physique,
mais ne peut atteindre de résultat s’il ne s’emploie à rétablir aussi la
santé psychique.
Qui
peut-être “ médecin de l’âme ” ?
Des
individus des plus différents du point de vue de leur formation et de leur
activité professionnelle sont capables d’aider leurs prochains qui, eux,
souffrent de problèmes psychologiques. Carl Rogers – l’un des plus célèbres
psychologues humanistes de notre siècle – a, à ce propos, écrit ceci :
“ un psychothérapeute efficace est quelqu’un capable d’être
ouvertement lui-même, quand bien même il descend au plus profond de son âme.
Sans doute rien d’autre n’a d’importance de ce point de vue. ”
En d’autres mots – même
si dans la plupart des pays la “ médecine de l’âme ” nécessite
l’obtention de divers types de documents (diplômes) – le succès de la thérapie
dépend en premier lieu des qualités intérieures du thérapeute, soit de sa
capacité ou non à mettre son style de vie et sa personnalité au service de
l’aide vis-à-vis d’autrui.
Je ne veux pas dire par
ceci qu’il n’est pas utile qu’un psychothérapeute dispose également de
connaissances spéciales. Ces “ connaissances spéciales ” sont
nourries à partir de deux sources principales : la psychiatrie, qui
est une branche appartenant à la médecine, ainsi que la psychologique
clinique, qui est un domaine propre à la psychologie. À ceci peut
s’ajouter en troisième lieu la médecine naturelle.
Je me rappelle bien ce que
j’ai ressenti lorsque, après quelques années de psychiatrie, j’ai voulu
cesser cette activité pour pratiquer la psychothérapie en cabinet privé. Je
pensais alors que les deux était identiques et ne faisaient qu’un. Au moment
où les premiers patients se sont présentés dans mon cabinet, je me suis senti
incapable et mal assuré. Il s’est avéré que de mes expériences en
psychiatrie, seule une infime partie était “ réutilisable ” en
psychothérapie. Hormis le traitement par médicaments, la psychiatrie
proprement dite diverge de la psychothérapie en ce que le système de
conception est presque incompatible ; quant aux méthodes de traitement “ mental ”,
elles sont quasiment inexistantes. Je ne savais pas comment parler aux patients,
comment leur donner en quarante minutes de séance ce pourquoi ils m’avaient
contacté. Je ne savais pas de quelle manière traiter le patient. Lorsque je
prescrivais des ordonnances, je sentais bien qu’à ce moment là, il fallait
autre chose. Et cette “ autre chose ”, j’ai dû l’apprendre à
partir de zéro. Il m’a fallu partir aux États-Unis, afin de savoir “ qu’est-ce
qui sert à quoi ”.
Par conséquent, les spécialistes
des quatre professions suivantes traitent les problèmes d’ordre mental :
Le
psychiatre
Le psychiatre
est un médecin disposant d’une qualification de médecin spécialiste et
s’occupe de personnes “ réellement ” malades mentalement. À la
différence du psychologue et du psychothérapeute qui, eux, traitent des
patients mentalement sains, mais présentant tels ou tels problèmes de santé
physique ou mentale. De nos jours néanmoins, nombre de psychiatres possèdent
également un diplôme de psychothérapeute.
Le
psychologue
Les
psychologues, durant cinq années d’études universitaires, abordent les lois
de l’étude de la vie mentale, mais apprennent très peu de méthodes
pratiques pouvant les aider à soigner les personnes malades psychologiquement.
Ils ont la possibilité d’apprendre ceci d’une part dans la pratique,
d’autre part dans le cadre d’une formation en psychologie clinique.
Le
psychothérapeute
Officiellement,
le psychothérapeute est un spécialiste qui, outre son diplôme de médecin et/ou
de psychologue – après la poursuite d’une formation intensive – obtient
également un diplôme certifiant sa compétence en matière de psychothérapie.
Même si en Hongrie la formation de médecin requiert des connaissances en
psychologie de plus en plus larges, lorsque que quelqu’un choisit un
psychothérapeute,
il doit tenir compte de la formation de base de ce dernier dans la mesure où
celle-ci influe sur la méthode utilisée.
Le
naturopathe
Comme je
l’ai déjà dit, en Hongrie le naturopathe ne peut s’afficher officiellement
en tant que psychothérapeute. Ceci étant, l’activité d’un bon naturopathe
est indissociable de la psychothérapie. “ La psychothérapie est une
intervention à but thérapeutique par le biais d’une communication humaine
directe ” – écrit László Tringer1. Ceci est aussi vrai
pour une partie significative de la médecine naturelle.
Bref
aperçu historique
La psychothérapie
est apparue lorsque l’homme primitif, après avoir appris les 30 mots les plus
fréquents (“ donne ”, “ chouette ”, “ oh là ”,
etc.), en est arrivé aux plus compliqués (“ allez ”, “ tant
pis ”, “ ça craint ”). À ce moment-là, les gens savaient
alors assurément comment se calmer, se réconforter, se prendre en pitié
réciproquement.
Celui qui l’a fait plus souvent que les autres est devenu le premier
psychothérapeute.
De notre ère, le précurseur
de l’histoire de la psychothérapie est sans doute le docteur viennois Franz
Anton Messmer, qui croyait solennellement guérir “ par magnétisme ”,
alors qu’en vérité il utilisait l’hypnose, la suggestion, la bioénergie,
la thérapie du show et l’induction de groupe.
Au xxe siècle,
la psychologie, la psychiatrie et sur leurs traces la psychothérapie ont en
Europe et aux États-Unis commencé à évoluer de manière fulgurante. Diverses
écoles et tendances se sont créées. Il était fréquent que les psychologues
ne se comprennent pas entre eux, qu’ils emploient une terminologie divergente
et qu’ils aient une connaissance assez floue des idées appartenant aux autres
tendances.
Une liste, même
synthétique,
des différents types de psychothérapies serait impossible à énumérer dans
le cadre d’un si petit chapitre. Cependant, sa relation étroite avec la
psychologie justifie de mentionner les quatre formes de conceptions sur
la base desquelles les psychologues traitent aujourd’hui les problèmes
psychologiques des individus.
Conception biologique
Chez
l’individu, les phénomènes psychologiques sont sans aucun doute en étroite
relation avec les processus neurobiologiques se déroulant dans
l’organisme, les phénomènes électriques et chimiques se produisant à
l’intérieur du corps, en premier lieu dans le cerveau et le système nerveux.
L’approche biologique
peut expliquer beaucoup de choses sur le plan des troubles fonctionnels et du
fonctionnement de l’activité d’apprentissage, de la mémoire, de la
motivation et des sentiments, etc., mais est bien loin de comprendre
l’individu dans sa totalité, qui constitue sans doute le système le
plus complexe de l’univers.
Les thérapies utilisant
l’approche biologique résolvent la plupart des problèmes psychologiques avec
un traitement par médicaments.
Conception
béhavioriste
Le psychologue
béhavioriste s’intéresse au comportement de l’individu et considère ce
qui se déroule “ à l’intérieur de l’homme ” comme étant
hors du cadre des recherches scientifiques.
D’après cette approche,
la plupart des comportements sont liés à l’apprentissage découlant des récompenses-punitions2,
les troubles du comportement pouvant être soignés par un réapprentissage.
C’est sur ce principe
que se fondent par exemple la thérapie de confrontation (Goethe s’est
ainsi guéri lui-même de son agoraphobie afin de monter dans la tour de la Cathédrale
de Salzbourg), le training d’assertion ayant pour but de développer la
confiance en soi, la thérapie cognitive offrant une attitude positive,
ainsi que la thérapie rationnelle-émotive.
Conception psychanalytique
Sigmund Freud
a institué au tournant du siècle une théorie de la personnalité
extraordinairement influente et dynamique, ainsi qu’une pratique thérapeutique
fondée sur celle-ci. Ses disciples, Jung, Adler et bien d’autres ont
continué dans une large mesure à faire évoluer et adapter les conceptions
originales de Freud. L’approche psychanalytique est encore aujourd’hui représentative
d’une partie importante de l’exercice de la psychothérapie.
Conception phénoménologique
(psychologie humaniste)
D’après Carl
Rogers, personnalité marquante de la psychologie humaniste, chaque homme
dispose d’un potentiel positif qui – si de fortes influences contraires ne
viennent pas l’entraver – génère l’évolution saine. Cette tendance portée
vers le développement est appelée actualisation (réalisation de soi).
Les thérapies humanistes
favorisent la tendance à la réalisation de soi en écartant les obstacles qui
se présentent.
Les thérapies humanistes
typiques sont la gestalt-thérapie (“ assis sur un siège brûlant ”
sur lequel, en répondant aux questions du groupe, vous intériorisez le fait
d’être la personne la plus importante, la “ star ”), l’analyse
transactionnelle (remaniement des jeux et scénarios ratés de la vie), le psychodrame,
ainsi que la logos-thérapie cherchant le sens de la vie.
Psychothérapie
pour tous
Dans ce monde
actuel évoluant à toute allure, un nombre croissant de personnes doivent requérir
à une aide psychologique, et en reçoivent de moins en moins de leur milieu
naturel, leur famille. Même la réussite n’assure pas non plus la santé
mentale. En Amérique, nombre de personnes riches et célèbres consultent régulièrement
leur psychothérapeute : un compte en banque bien garni ne remplace pas une
personnalité saine. Avoir son “ propre ” psychothérapeute est
aux États-Unis une chose aussi naturelle qu’avoir son propre coiffeur ou
mécanicien.
Pourquoi les psychothérapeutes
sont-ils peu nombreux en Hongrie ? Les difficultés économiques, la
situation précaire largement répandue ayant suivi le changement de régime, le
taux élevé de suicides laissent supposer le besoin accru des Hongrois à
recourir aux conseils psychologiques. Les gens n’ont-ils sans doute pas les
moyens financiers nécessaires pour payer les honoraires ? Dans l’Amérique
des années trente, ils n’en avaient pas non plus. L’explication se
trouverait plutôt en ce qu’ils ne comprennent pas la nécessité d’une
psychothérapie. Le mythe du “ je suis capable de gérer mes propres
problèmes psychologiques ” est tel que personne ne peut le renverser.
Chaque individu étant subjectif face à lui-même, il n’est pas capable de
mesurer avec pondération son état psychologique et d’en trouver la solution
optimale. “ Ce mot qui va t’aider, tu ne peux le prononcer seul ”
dit un adage.
Cela dit, la situation est
tout de même en train de changer lentement, et si l’envie vous saisit, vous
avez toujours la possibilité de chercher non seulement un médecin-psychiatre,
mais aussi un psychologue-psychothérapeute. Voyons à présent les différences
existant entre d’une part ces deux professions et d’autre part celle de
psychiatre.
À quoi
pense le psychiatre tandis qu’il parle avec un patient ?
Les gens vont
bien moins fréquemment chez le psychiatre que chez le médecin spécialiste des
maladies internes. Sûrement de peur que le psychiatre leur colle l’étiquette
d’une maladie dont ils ne pourront jamais se défaire. Ce genre de choses
arrive, mais heureusement très rarement. Le plus souvent, les personnes qui
propagent ces rumeurs sont celles qui ont reçu le bon diagnostic et qui malgré
tout se considèrent en bonne santé.
Durant le traitement, le
psychiatre va examiner deux questions : le patient souffre-t-il d’une
maladie psychique et est-il dangereux pour les autres.
L’opinion générale
considère la médecine – y compris la psychiatrie – comme une science.
Plusieurs dizaines de milliers d’essais, de livres ont été écrits à ce
propos, nombre de congrès scientifiques sont organisés chaque année, il
existe une multitude d’écoles de psychiatrie, mais une seule chose fait défaut :
une frontière précise délimitant la santé psychique de la maladie psychique.
Dans certains cas, il est
facile de diagnostiquer une schizophrénie ou des psychoses dues à
l’alcoolisme, dérivant de la sénilité, post-accouchement et autres.
Cependant, la différence existant entre l’état “ normal ” et
l’état pathologique est loin d’être sans équivoque.
Les partisans de la cause
freudienne pensent que la différence entre les individus psychiquement malades
et ceux d’esprit sain n’est pas qualitative, mais quantitative – on peut
observer chez l’individu sain le même “ stock de déviances ”
que chez le malade, à la différence que chez ce dernier ce stock est un peu
plus fourni. Les cliniques psychiatriques constatent sur une partie de leurs
malades les diagnostics de la “ psychopathie ”, du “ cas
limite ”, de la “ névrose ”. Bien que ces individus ne
soient pas encore malades, ils ne sont déjà plus sains.
La plupart d’entre eux
“ ne présentent pas ” de syndrome psychiatrique, mais accusent
tout de même de temps en temps d’absences psychiques – perte
temporaire du contrôle de soi due à un grand stress, dépression profonde (mais
pas endogène, c’est-à-dire génétique), ivresse alcoolique, jalousie
injustifiée, réactions hystériques et bien d’autres encore.
Pour finir, la maladie
psychique n’est pas obligatoirement un mal. Pour les proches elle est presque
toujours un mal, pour le malade toutefois, non. Van Gogh souffrait de
schizophrénie, Gogol de symptômes maniaco-dépressifs et Dostoïevski
était épileptique. Sans doute étaient-ils des génies parce qu’ils étaient
malades ? S’ils n’avaient pas souffert d’une maladie, auraient-ils été
de plus grands génies ? Difficile à dire.
Un de nos grands
personnages a dit : “ Si le Christ avait vécu à notre époque, on
l’aurait probablement enfermé dans une maison de fous ”. Ce qui est
cependant loin d’être vrai : si la psychiatrie est apolitique (et dans
l’idéal, elle l’est), le seul critère sur lequel on peut décider
d’interner quelqu’un dans un hôpital psychiatrique repose sur le fait que
cet individu représente un danger pour lui-même ou pour les autres. Le danger
pour lui-même étant le suicide et pour les autres une agression engendrée par
sa maladie.
Au cours de la première
discussion poursuivie avec le patient, le psychiatre mesure en premier lieu les
critères de dangerosité, puis seulement ensuite prononce un diagnostic et
prescrit les médicaments appropriés.
À quoi
pense le psychologue tandis qu’il parle avec un patient ?
Le psychologue,
contrairement au psychiatre, ne prononce pas de diagnostic, dans la mesure où
il n’est pas médecin. Le psychologue n’a pas pour fonction de situer
cliniquement le patient, étant donné qu’il n’en a pas l’autorisation
légale.
Tout comme il ne prescrit pas de médicaments.
Dans un cabinet de
psychologie/psychothérapie, le spécialiste naturellement parle avec vous, pose
des questions sur le train de vie que vous menez et sur la manière dont vous réagissez
à différentes situations. Il est supposé vous expliquer les raisons de la névrose
en présence, pour ensuite discuter avec vous des formes de comportement
optimales à adopter dans diverses situations – principalement “ sans
issues ” – de la vie.
Seul un dilettante
commence immédiatement à distribuer des conseils au patient sur la conduite à
suivre et tente d’inculquer de force sa recette du bonheur. À la place des
conseils, le professionnel modèle la conversation de façon à ce que le
patient trouve lui-même la clef de ses problèmes.
Si le psychologue ne peut
modifier les situations de la vie, il peut en revanche modifier la relation
qu’affiche le patient vis-à-vis des situations et, par ce biais, le libérer
de ses conflits intérieurs. La conséquence en est que la conduite du patient
change.
Le psychologue a
pour tâche de vous faire voir la situation sous un aspect différent de
l’ordinaire. Par la suite, c’est vous
qui déciderez désormais de ce que vous ferez. Si tout se passe bien, cette
nouvelle méthode d’approche vous délivrera de votre stress et de vos
maladies psychosomatiques.
La condition préalable à
la réussite de la thérapie réside en ce que le patient doit réellement
vouloir se retrouver dans une situation de vie “ complexe ”
précise,
tandis que le psychothérapeute doit être un spécialiste confirmé et
expérimenté.
Nombre de psychothérapeutes débutent leur thérapie en déterminant le type de
personnalité du patient. Dans la partie qui suit, je vais vous présenter les
types de personnalité auxquels vous pourriez éventuellement appartenir.
Êtes-vous
type ou pas type ?
Le psychique
de l’homme ne se prête guère au catalogage. Il est comparable à un grenier
en désordre : tout en lui est sens dessus dessous. Quand bien même, les
psychologues n’abandonnent pas leur intention d’“ établir
l’inventaire ” de ce qui se trouve “ là-haut ”, en
inventant des types de personnalité de tous les genres. Ces types de
personnalité constituant évidemment des catégories relatives, ils offrent
toutefois une bonne base d’orientation. Voyons les principaux :
Carl Jung distingue
deux types : l’extraverti et l’introverti. Le type extraverti
(extra – à l’extérieur de quelque chose) vit tourné “ vers
l’extérieur ”. Ce genre d’individu est habituellement frivole, n’a
aucune tendance à la réflexion et l’analyse, aime converser et goûter aux
joies de la vie.
Le type introverti
(intro – à l’intérieur de quelque chose) vit tourné “ vers
l’intérieur ”. Il n’a pas besoin de constamment se ressourcer à
l’extérieur ; c’est un individu enclin à une existence solitaire, à
la philosophie, à la normalisation.
Samuel Hahnemann,
père fondateur de l’homéopathie, classe les individus en trois types :
“ psore ” (“ psora ”), “ sycose ”
(“ sycosis ”) et “ syphilis ”, sur la base
des miasmes de type psoriasis (prurigineux), gonorrhée (blennorrhée) et
syphilis (chancre). Cette classification psychologique est d’une extrême
originalité. Néanmoins, ce n’est pas à titre de plaisanterie que je m’y
réfère (j’ai une grande estime pour Hahnemann), mais comme exemple pour
illustrer combien d’approches peuvent s’avérer étranges de prime abord, et
en outre être dotées d’une raison d’être à part entière. Pour celui qui
s’intéresse à la façon dont réagit, par exemple, la personne de type
“ gonorrhée ” face aux diverses situations de la vie,
plongez-vous dans les ouvrages traitant de l’homéopathie.
Parmi les
typologies à quatre types de personnalité, la classification d’Hippocrate
est sans aucun celle qui mérite le plus d’attention. Selon lui, sur la base
de leur tempérament, les individus peuvent être classés comme suit :
colérique
sanguin
flegmatique
mélancolique
Parmi les
nombreuses typologies relatives aux types de personnalité, la classification du
psychiatre allemand Karl Leonhard que je vais vous présenter est moins
connue.
Le type démonstratif, hystéroïde
Pour ce genre
de personnalité, la présentation de soi est essentielle. Cet individu
est “ démonstratif ” car il aime se produire devant un public.
La notion psychologique de
l’appellation hystéroïde n’a aucun lien avec l’hystérie et le fait de
casser des assiettes. Les hystéroïdes (qui sont des “ artistes ”
de la vie et pas nécessairement de la scène) préfèrent les vêtements
généralement de bon goût et aux couleurs vives, se caractérisent par un
comportement maniéré et aiment que l’attention de leur entourage soit
portée vers eux. Ce sont des individus vifs, curieux, de caractère, loquaces,
pleins de fantaisie, pour qui se dégager de n’importe quelle situation ne
pose aucun problème, même au moyen d’un petit mensonge improvisé.
L’éloge et la pitié d’eux-mêmes sont leurs caractéristiques. Ils
possèdent toujours plus que ce qui correspond à la réalité. Enfants, ils
aiment être le centre d’attention des adultes et de leurs camarades, et pour
ce faire trouvent souvent une espièglerie. (Du reste, tous les enfants sont
dans une certaine mesure hystéroïdes.)
L’individu de type
hystéroïde est irréfléchi : il prend souvent des décisions sans y
avoir réfléchi, geste qu’il paye plus tard. Parfois, de manière
démonstrative, il fait une tentative de suicide, qui n’aboutit jamais – si
ce n’est par accident – à la mort.
Les “ artistes ”
ne se voient pas comme ils sont réellement, mais de la manière dont ils
aimeraient se voir. Ils ne sont pas dignes de confiance, ils promettent quelque
chose, puis l’oublient. Ils contournent les problèmes, voire pour ce faire se
réfugient dans la maladie. “ Système nerveux en déconfiture ”,
“ faiblesse cardiaque ” (mais montrant un cardiogramme normal),
migraine, diverses phobies et autres maladies psychosomatiques sont les
habituels “ compagnons de fortune ” de ce type d’individu.
Le
type pédant
Ici, tout est
clair. L’individu pédant effectue tout travail soigneusement, avec une
précision minutieuse, aucun détail n’échappe à son attention ;
souvent, il est tellement “ plongé ” dans ces détails qu’il
devient incapable d’arriver à bout d’une chose. Il n’est jamais en
retard. Chez lui, tout est en ordre, à sa place, tout fonctionne, il n’y a
pas un brin de poussière. Se trouvent méticuleusement classés dans des
dossiers les certificats de sortie d’hôpital, trente ans de cardiogrammes,
les prises de tension artérielle faites matin et soir, le relevé à jour de la
présence ou l’absence de selles. S’il est sous médicaments, il les prend
à la minute précise.
Le médecin de type pédant
envoie sans arrêt le patient faire des examens nécessaires ou superflus,
connaît et suit parfaitement les indications et contre-indications figurant sur
chaque médicament prescrit. Le comptable de type pédant (soit dit en passant,
un comptable ne peut être que pédant) explique clairement au directeur
d’entreprise comment, en suivant des instructions sensées et insensées,
arriver à un dépôt de bilan. (J’aimerais faire réparer un jour ma voiture
chez un individu de type pédant, mais un tel mécanicien existe-t-il ?)
Le type bloqué
Dans la
terminologie psychologique, il consiste en une “ orientation paranoïde ”.
Traduit en langage quotidien, ce sont des individus rancuniers. Ils n’arrivent
pas à passer outre les injustices et soupçons vécus (ou imaginaires). Si une
personne “ non bloquée ” se fâche avec quelqu’un ou que ce
dernier la blesse, elle lui en voudra le lendemain encore, mais le jour
d’après elle aura déjà oublié sa colère. À l’opposé, que le “ bloqué ”
ressasse le tort qu’on lui a fait le lendemain, une semaine ou un mois après,
il réagit avec la même force que la première fois, tandis que ses pensées
élaborent différents plans de vengeance. Ce genre d’individu est capable de
traîner en procès pendant des années la “ partie lui ayant porté
préjudice ”.
Ce sont des individus
soupçonneux à l’extrême. Ils sont persuadés que leurs collègues de
travail complotent contre eux “ derrière leur dos ”. Jaloux, ils
considèrent chaque pas de leur conjoint comme la “ preuve de leur
infidélité ”. Si l’épouse rentre du travail avec une demi-heure de
retard, cela signifie qu’“ elle traînait sûrement avec l’autre
chauve ”, si elle “ reçoit un faux appel téléphonique ”,
c’est certainement que “ ce salaud voulait vérifier si j’étais ou
non à la maison ”.
Le type irritable
Ce mot n’est
pas le plus approprié, mais même Leonhard n’a pas trouvé mieux. Ces
individus ont généralement une constitution athlétique, un physique sportif
et sont passablement primitifs. Ils ne savent absolument pas ce que signifie la
patience. En situation de conflit, il ne leur viendrait absolument pas à
l’esprit de pouvoir régler un litige sans porter de coups. Ils entrent
malgré tout en conflit pour n’importe quelle stupidité, parfois même
cherchent volontairement leurs victimes.
Quant à son activité professionnelle, ce type de personne exerce souvent une fonction soit dans un
quelconque organisme de protection, soit parmi des gens qui ont quelque chose à
protéger.
Le
type hyperthimique (hypomaniaque)
L’hypertimique est un individu “ rapide ”, de tempérament
colérique. Il est toujours en mouvement. Ses idées défilent l’une après
l’autre, puis de nouvelles se forment, jusqu’à ce qu’il en ait oublié
les premières. Il est du genre à se coucher tard et se lever tôt. Il
entreprend cent choses à la fois, et comme il se lasse vite de tout, il est
rare de le voir terminer quelque chose. Il est toujours pressé, en route, en
train d’aider quelqu’un, de téléphoner, fait toujours des promesses et
oublie ensuite de les tenir. Toute la journée il est en déplacement, mange peu,
un nombre effarant de personnes font partie de “ ses affaires ”,
tout le monde le cherche et n’arrive à le joindre que rarement, il a toujours
des dettes, ses relations de couple sont instables (il ne reste pas longtemps
aux côtés de quelqu’un, car il s’en lasse vite). Cet individu n’est pas
du genre : “ Alors, que-ce que tu racontes ? ” -
“ Rien de particulier, comme d’habitude ”. En semaine, il lui
arrive au moins autant de choses qu’à n’importe qui d’autre en un an.
C’est un personnage intéressant, qui généralement attire les
autres, se situe au centre d’une compagnie, est un excellent interlocuteur et doté d’un bon
humour.
Le type dysthimique
Cette
personnalité est selon la terminologie psychiatrique “ sub-dépressive ”,
il est le pessimiste au quotidien.
Si nous devions exprimer en
bref ce que dit cet individu, cela ressemblerait à : “ tout est
mauvais ”. S’il est possible d’interpréter un événement de deux
façons – d’un bon et d’un mauvais côté –, le pessimiste ne trouvera
que le côté négatif (“ Il a beaucoup plu, est-ce que la production
sera bonne ? ” - “ Non, la pluie a tout détrempé. Rien ne
va pousser. ”). Si quelque chose ne peut être que bien interprété (votre
fille a été reçue à l’université), le pessimiste ne pourra que
l’accepter de manière négative (“ Qu’est-ce qu’ils vont lui
enseigner là-bas, à part boire et fumer ? ”). Si le pessimiste est
entouré d’une famille merveilleuse, cela peut signifier pour lui que
“ je suis un poids pour tout le monde, je ne fais que leur voler leur
temps, ils dépensent bien trop d’argent pour moi ”. Le pessimiste
ressent et attend constamment un malheur, tandis qu’il juge les événements
conformément à cette attente et ce sentiment.
Ce genre de personnage
s’avère effectivement un poids pesant pour son entourage. Il est
particulièrement difficile pour ses proches de devoir supporter la sombre
énergie dépressive qu’il dégage. Il est pratiquement impossible de
convaincre ce type d’individu du contraire de ce qu’il pense. Dans de plus
graves cas, il voit dans ce genre de tentative de le convaincre la preuve unique
de sa propre inutilité. Contrairement à l’individu de type démonstratif, il
fait de réelles tentatives de suicide.
Le type cycloïde
La
caractéristique du type cycloïde, ou autrement dit de tempérament affectif
alternant, est la cyclicité, c’est-à-dire l’alternance de phases
psychologiques “ rapide ” (hypomaniaque) et dépressive (“ pessimiste ”).
La plupart des
gens alternent quelque peu entre bonne et mauvaise humeur, dépression et
optimisme, bonheur et malheur. L’individu de type cycloïde se différencie
des autres en ce que chez lui les changements d’une part sont frappants, et
d’autre part présentent des limites marquées.
Le type
exalté se rapproche de l’hystéroïde. Il y a en lui moins d’excès
théâtral que d’excès émotionnels bâtis sur des impressions. On dit de lui
que : “ soit le bonheur le fait grimper au paradis, soit le chagrin
le mène en enfer ”. Il n’y a pas de juste milieu. L’individu exalté
est d’une incroyable naïveté. Il accueille tout avec des yeux écarquillés :
“ Mais c’est extrêmement intéressant !!! Fantastique !!! ”
Il croit aux extraterrestres et aux fantômes, prend pour argent comptant un
compliment, et “ se pâme ” de la réalité. Il restera toute sa
vie un “ grand enfant ”.
Le type terrorisé
Les enfants de
type terrorisé ont toujours peur de quelque chose : des chiens, des
enseignants, des plus grands enfants, du noir, de l’orage. Leurs camarades
s’en aperçoivent rapidement et les embêtent sans cesse, faisant d’eux leur
bouc émissaire.
À l’âge adulte, cette image
change quelque peu. La peur devient secondaire, tandis que l’indécision, le
manque de confiance en soi, la timidité et la soumission arrivent au premier
plan. Ils sont incapables durant une discussion de défendre leur point de vue.
Ils souffrent d’un fort complexe d’infériorité. Ils s’inquiètent pour
les autres, pour eux-mêmes, pour leur santé. C’est parmi eux que l’on
trouve le plus grand nombre d’hypochondriaques : ils croient souffrir
d’une maladie cachée, que personne ne peut découvrir.
L’émotif
Ce sont des
individus accommodants, généreux, ouverts, réceptifs, compatissants et
serviables. Tchekhov les appelait les “ petites âmes ”. Ils sont
incapables de supporter la souffrance des autres. Si quelqu’un pleure, la
petite âme est alors prête à verser sa larme. Ces personnes se mettent
souvent à pleurer en regardant un film ou en lisant un livre, tant elles
“ vivent ” le contenu. Elles aiment beaucoup les enfants et les
animaux, adorent “ faire partager leur bonheur et leur malheur ”
aux autres, et ont une grande considération pour le théâtre et les artistes.
Et vous, à
quel type de personnalité appartenez-vous ? Il est parfois possible que ce
soit la première chose que le psychologue et le psychothérapeute constatent.
Quant à savoir ce qu’il fait ensuite, tout dépend de sa spécialisation. Ce
que je vais à présent vous décrire ne prétend en aucun cas être une
présentation complète et détaillée de la psychothérapie.
Je souhaiterais seulement vous
démontrer que la psychothérapie ne se limite pas à “ Fermez-les yeux…
vous vous sentez bien à présent… ouvrez les yeux… vous êtes en pleine
forme… ”, mais est bien plus que cela et relève d’un grand intérêt.
Chez
le psychanalyste
De nos jours,
de plus en plus d’individus s’affirment être psychanalystes. En réalité,
ils ne sont pas tous des psychanalystes utilisant les méthodes de Sigmund
Freud et ses successeurs. Ceci requiert une formation longue et approfondie.
Si chacun a déjà entendu le
nom de Freud, la lecture de ses écrits est en revanche une chose bien moins
commune, dans la mesure où la plupart ne sont pas des ouvrages faciles et
demandent une analyse de haut niveau.
Pour ceux qui ont peu de temps,
j’exposerai donc en grandes lignes le concept freudien de l’inconscient,
lequel a grandement influencé non seulement la guérison, mais également la
philosophie, la musique, la peinture et l’art cinématographique.
Freud est né le 6 mai 1856 à
Freiberg (Moravie) dans une famille juive de négociant en laines. Son père était
un homme de “ pensée libérale ”, qui n’allait pas à la
synagogue et croyait dans le fait que les miracles pouvaient être expliqués de
manière scientifique et que la pensée humaine allait un beau jour créer un
monde dépourvu de préjugés. Sigmund a poursuivi jusqu’à 10 ans ses études
scolaires à la maison, puis a terminé le lycée avec les félicitations. Il
savait alors parler l’anglais et le latin, et possédait des connaissances de
grec ancien. Étant donné qu’à cette époque les Juifs ne pouvaient exercer
que des professions commerciales, juridiques et médicales, Sigmund a opté pour
cette dernière, même s’il n’aimait pas trop la médecine et qu’il aurait
préféré de loin choisir la philosophie. En tant qu’étudiant, il a passé
une grande partie de son temps dans le laboratoire de biologie. Passionné par
la théorie de Darwin, il est devenu une période durant un “ évolutionniste
radical ”.
Son doctorat de médecine en poche, afin de pouvoir payer ses
importantes dettes et entretenir sa jeune épouse, Martha, il a été forcé de
délaisser la biologie et de poursuivre la pratique médicale. Au début en tant
que spécialiste des organes internes, il a ensuite exercé en tant que
psychiatre. Il a rapidement été dégoûté de l’atmosphère de l’hôpital.
En 1885, il obtient le titre convoité de Privat-Dozent, équivalent à
celui de maître de conférence, à la Faculté de Vienne. À partir de là et
pendant dix ans, Freud s’occupe d’une part de neurologie, d’autre part de
recherches sur le “ trauma dynamique ” à l’origine des maladies
fonctionnelles. Durant cette époque, il a très souvent eu recours à
l’hypnose qu’il a délaissée par la suite.
Freud, qui avait 40 ans lorsqu’il a “ découvert ”
la psychanalyse, en a passé 43 à développer cette théorie. Pendant les dernières
années de sa vie, il a reçu peu de patients et a consacré son temps à des
travaux littéraires, à l’enseignement, ainsi qu’à la conduite des travaux
psychanalytiques en voie de développement dans le monde entier.
En 1938, alors que l’Autriche est sous occupation nazie,
Freud se retrouve dans un ghetto. Après que Hitler l’ait libéré pour 100
000 shillings, il regagne Londres où il meurt le 23 septembre 1939 d’un
cancer de la gorge.
Tenter de présenter
la théorie freudienne en bref se résumerait à ceci : le comportement
humain s’explique par un processus psychique non pas conscient, mais
inconscient. (Selon sa célèbre comparaison, le psychisme humain
ressemble à un iceberg : la partie visible de l’iceberg représente la
partie consciente, tandis que la partie immergée et invisible, immensément
plus grande, constitue la sphère de l’inconscient – excitations, désirs,
souvenirs inaccessibles.)
Freud pense que chaque individu
renferme en lui plusieurs centres psychiques indépendants les uns des autres,
dont certains sont gérés par le conscient et d’autres par l’inconscient.
Une composante psychique, comme par exemple la représentation, ne reste généralement
pas longtemps un élément conscient. Ce qui est conscient une minute durant
rejoint une minute après la sphère de l’inconscient, mais il suffit d’une
petite impulsion volontaire pour que cela devienne à nouveau conscient.
Qu’entendons-nous par faire quelque chose consciemment ? Cela signifie
que n’importe quelle image, sensation ou représentation qui apparaît en nous
gagne une expression orale.
Freud pense que l’individu est
doté de trois instances psychiques : le ça (id), le moi
(ego) et le sur-moi (superego).
Le sur-moi
(superego) n’est autre que la conscience morale, le sentiment de culpabilité,
la croyance religieuse, le respect vis-à-vis du père, de l’enseignant –
c’est le représentant intérieur des valeurs sociales et de la morale.
Le moi
(ego) est la prudence et la raison. Il contrôle les gestes. Le moi
chasse dans notre inconscient les images et représentations qui sont en nous,
et les empêche de revenir dans le conscient.
Le ça
(id) est la partie la plus primitive de l’individu. Son contenu est constitué
de pulsions (faim, soif, plaisir sexuel) où dominent passions, impulsions et
jouissances.
Comment
faire vivre “ sous un seul toit ” le ça, le moi et le sur-moi ?
Le moi
tente de réprimer l’aspiration à la jouissance du ça. Il dort la
nuit, mais “ censure ” les rêves.
Le sur-moi s’est formé
à travers le complexe d’Œdipe. Dans la mythologie, Œdipe tue son père
afin de pouvoir épouser sa mère. Freud considère l’acte d’Œdipe tout à
fait naturel. De plus, il pense que tous les hommes tuent leur père de manière
inconsciente et ressentent un désir sexuel instinctif envers leur mère.
Pourquoi ? Parce que l’homme vivait à l’origine en horde primitive, où
régnait un père cruel et jaloux se réservant toutes les femmes et qui en a
chassé ses fils une fois ceux-ci devenus adultes. Un beau jour, les fils ont tué
et mangé leur père. Bien sûr, ils savaient tous que chacun d’eux connaîtrait
le même destin, ce qui explique la naissance des deux tabous : la
prohibition du meurtre au sein d’une même famille, ainsi que celle du mariage
consanguin.
L’aspiration visant à
outrepasser ces deux tabous ainsi qu’à les respecter constitue le complexe
d’Œdipe : le désir inconscient de nous débarrasser de notre père et
d’épouser notre mère.
Comme les enfants contraints
d’écouter leurs parents, la conscience (le moi) d’une part se soumet
aux ordres catégoriques de l’esprit (le sur-moi) et d’autre part
veut prendre possession du ça dans lequel dominent deux sortes de
pulsions : sexuelles et mortelles. Les pulsions sexuelles
renferment les désirs sexuels proprement dits, leur sublimation1 et
l’instinct d’auto-conservation. Dans l’attirance vers la mort se manifeste
l’aspiration “ cosmique ” de l’organisme vivant à recouvrer
l’état inerte. Il en découle l’instinct de destruction, c’est-à-dire
l’aspiration à la guerre, aux conflits. En conséquence de ces deux pulsions,
l’homme se caractérise par la dualité, l’ambivalence. Car ce
n’est pas un hasard si l’amour confine avec la haine, la création avec la
destruction et le génie avec la malfaisance.
L’origine et le devenir de la névrose
Freud considère
que chacun de nous souffre de “ souvenirs inconscients ”, les
symptômes de nos maladies ne représentant que les symboles de ces souvenirs.
Conclusion : afin de guérir les maladies psychosomatiques, il faut déterminer
les plus importants traumas psychiques que nous avons généralement oubliés (rappelez-vous
le point intitulé “ Que diagnostiquerait le Dr Freud ? ”).
Le repli dans les souvenirs doit s’effectuer à partir du temps présent en
remontant jusqu’à la petite enfance. Si vous avez affaire à un “ véritable ”
psychanalyste, après vous avoir prié de vous allonger sur un divan, il vous
demande de lui parler de tout ce qui vous passe par la tête, sans trier ni
analyser. L’analyse relève ensuite de sa tâche.
Vous avez subi beaucoup de désagréments
– dit le psychanalyste, si vous lui demandez – cependant pas tous n’ont
conduit à votre maladie. La maladie s’est déclarée lorsque vous “ avez
dû vous maîtriser ”, soit que vous avez dû consciemment produire dans
la minute du trauma psychique une réaction négative déterminée. Les effets
du stress se sont immiscés dans votre inconscient et, en pesant lourdement sur
votre vie mentale, se sont transposés dans vos organes internes à travers le
système végétatif.
Une dysharmonie psychique à
l’origine d’une maladie se forme même lorsqu’un individu n’est pas
capable d’accorder ses processus mentaux. Selon Freud, le malade atteint de névrose
ressemble à une femme qui part faire des courses et revient chez elle avec
quantité de boîtes et de sacs. Elle ne peut les porter tous en même temps :
lorsqu’elle se penche pour attraper un sac, elle en lâche un autre, cela se
poursuivant sans fin.
Au cours de séances, Freud a réalisé
qu’une quelconque force empêchait les souvenirs du patient de passer de
l’inconscient au conscient. Par conséquent, le psychothérapeute, comme tout
autre naturopathe, doit se battre contre l’opposition instinctive du patient
qui empêche son rétablissement.
Freud a appelé refoulement
le passage des expériences du conscient dans la sphère inconsciente. Le
refoulement est la cause du conflit intérieur, de la névrose ou des troubles
psychosomatiques.
Voyons un exemple : une
patiente est tombée malade juste après la mort de sa sœur aînée. La cause même
du décès n’a joué aucun rôle dans la formation de la maladie. La seule
raison consistait en ce que la femme était amoureuse du mari de sa défunte sœur
et que le décès de celle-ci lui avait fait ressentir un bref instant une joie
instinctive. L’inconscient s’est transformé en conscient, et la joie est
passée du ça au moi. À ce moment-là, un conflit est apparu au
niveau du sur-moi (avec la conscience morale), l’expérience a été
refoulée dans le ça, puis est tombée dans l’oubli. En revanche, la
maladie est restée.
La psychanalyse a servi tout
d’abord à découvrir l’expérience tombée dans l’oubli, ensuite la
patiente a été informée de l’essence du conflit. Après avoir saisi le mécanisme
de la maladie, la patiente s’est retrouvée en catharsis (purification)
avant d’être totalement guérie.
Freud pense que la raison de
toute maladie fonctionnelle doit être recherchée dans des facteurs érotiques.
Il écrit que “ tous les chahuts de la vie sont causés par Éros. Je
sais que l’on n’accepte pas volontiers cette opinion. […] Beaucoup sont
tentés de croire que j’exagère la part étiologique du facteur sexuel. Ils
me disent : pourquoi d’autres excitations psychiques ne
provoqueraient-elles pas aussi une maladie ? Je ne sais pas pourquoi, mais
l’expérience prouve que, il en est ainsi. […] En ce qui concerne les
questions sexuelles, les hommes en général ne sont pas sincères dans ce
domaine. Ils ne se montrent pas tels qu’ils sont : ils portent un épais
manteau de mensonges pour se couvrir, comme s’il faisait mauvais temps dans le
monde de la sensualité. ”
Par conséquent, selon Freud
vous êtes tombé malade au moment où, à cause de barrières extérieures ou
“ morales ”, vous n’avez pas su satisfaire vos passions
sexuelles. Vous vous êtes réfugié dans la maladie qui a compensé le plaisir
manquant. C’est pour cela que votre moi empêche la guérison, comme
s’il vous disait : “ Qu’est-ce que tu me donnes en échange de
la maladie, si je guéris ? ”. La névrose est pareille à un cloître
où vous avez trouvé refuge, parce que la vie vous a déçu ou que vous vous
sentez faible pour l’affronter.
Vous n’êtes pas d’accord ?
Dans ce cas, la maladie dispose d’un atout supplémentaire.
Pourquoi durant les séances faut-il sans cesse bavarder ?
En
psychanalyse, il existe trois méthodes pour examiner l’inconscient :
l’interprétation des idées, l’analyse des rêves et
l’interprétation des refoulements. Ces derniers peuvent se manifester
dans l’oubli temporaire de choses bien connues, des erreurs d’écriture, des
lapsus, des choses perdues ou ratées, etc. Dans la mesure où les hasards
n’existent pas dans la vie psychique, l’analyse des refoulements permet
au psychanalyste de déduire quels sont les volontés et désirs réels du
patient, non cachés de sa conscience, qui causent les symptômes de sa maladie.
Si le psychanalyste demande au patient de parler de tout ce qui lui traverse
l’esprit, c’est pour mettre en évidence ce genre de complexes cachés.
Parfois, à une question du psychanalyste le patient répond qu’il ne sait pas
quoi dire, que rien ne lui vient à l’esprit. Le psychanalyste s’efforce
d’arriver à ce que, oubliant la maîtrise de lui-même, le patient parle de
toutes les “ futilités ” qu’il ne considère pas comme faisant
partie du sujet et particulièrement de ce qui lui est désagréable
d’aborder.
L’objectif de l’analyste
est de s’employer au mieux à bloquer votre moi et délier votre
inconscient. Il dissèque avec une précision particulière les allusions, les
lapsus – une pensée fortuite ou un mot d’esprit “ stupide ”
pouvant être le signe de la direction à prendre pour rechercher le conflit.
Afin de creuser pour arriver
jusqu’au trauma psychique originel, il faut connaître chez le patient des
choses qu’il ne sait pas lui-même, voire dont il ignore absolument
l’existence.
Les trois méthodes pour se débarrasser d’une névrose
La première :
le désir refoulé doit être retrouvé et accompli. Cela ne signifie pas
que pour faire disparaître votre tachycardie, on se mette immédiatement à
rechercher l’objet secret de votre imagination sexuelle, et qu’on vous
l’apporte de suite pour l’allonger sur le divan à côté de vous. Il
n’est pas nécessaire d’accomplir mot à mot les désirs, il suffit
seulement d’assurer l’extériorisation libre des sentiments négatifs reliés
à la chose donnée, c’est-à-dire faire ressortir ce qui à un moment donné
a été réprimé.
La deuxième :
la sublimation des désirs peut, elle aussi, être efficace. La
sublimation consiste à dévier l’énergie des pulsions sexuelles ou “ interdites ”
sur un but qui n’a aucun lien avec la sexualité. Si par exemple le patient
est prédisposé à la création, le conflit intérieur à partir des symptômes
de la maladie peut être transféré dans des créations artistiques. L’autre
solution est encore que le patient utilise l’énergie qui se trouve à
l’origine de sa maladie dans le but d’une quelconque affaire commerciale.
Finalement, la
troisième et dernière méthode : il suffit de faire prendre conscience
au patient de son état maladif complexe, lequel, à partir de là, juge de
la condition précise qui rend sa vie plus difficile et ne l’autorise plus à
le dominer.
Que se
passe-t-il dans un cerveau de groupe ?
Carl Jung,
psychiatre suisse et disciple de Freud, pensait que, outre l’inconscient
individuel, il existe aussi un inconscient collectif. Cet inconscient
collectif n’est pas contenu dans un seul individu, mais est propre à un
groupe entier. Ce groupe peut être une famille, un collectif de travail, un
pays ou encore tous les habitants de la planète.
L’inconscient
collectif ne s’accumule pas au cours d’une unique vie. Il consiste en
des instincts qui se forment tout au long de milliers d’années. Contrairement
à l’inconscient individuel, l’inconscient de la société est le même pour
chaque personne. Toutefois, l’inconscient collectif se compose de ce que
l’on nomme des archétypes. Le mot “ archétype ” est la
formulation abrégée de l’expression “ type archaïque ”. Le
mot “ archaïque ” souligne le fait que ces formations existent
depuis longtemps.
L’archétype
est le contenu psychique qui n’a pas encore été assimilé de manière
consciente. Par conséquent, ce ne sont pas des coutumes et des règles généralement
acceptées, mais des choses “ ressenties, sans prise de conscience ”.
Nous sommes
plus beaux sans masque
En introduisant la notion d’inconscient
collectif, Jung n’a pas renié son équivalent individuel, qu’il interprétait
de la manière suivante. Une seule et même personne peut posséder “ plusieurs
personnalités ”. La personnalité multiple est un phénomène
tout à fait normal. Si l’on observe quelqu’un dans diverses circonstances,
on peut s’apercevoir à quelle rapidité ce dernier change de caractère et de
comportement.
Les gens sont contraints d’évoluer
dans au moins deux sphères différentes : chez eux et sur leur lieu de
travail. Ces deux environnements complètement différents déterminent la
personnalité multiple. Il n’est pas rare que des individus extrêmement énergiques,
fonceurs et ambitieux en société s’avèrent être en famille délicats,
bienveillants, complaisants, doux, et inversement.
Laquelle de ces deux
personnalités est la vraie ? Où se cache notre véritable personnalité ?
“ Selon mon point de vue ”,
dit Jung, “ la réponse à cette question est la suivante : une
personne ayant une double personnalité ne possède pas de véritable
personnalité. Ce n’est pas une personne individuelle, mais collective. Le
collectif est celui qui se conforme aux circonstances extérieures, c’est-à-dire
aux attentes communes. Si elle était individuelle, c’est-à-dire en ne considérant
pas les différentes attentes, cette personne ne possèderait qu’une
personnalité unique et ne pourrait s’adapter de manière appropriée aux
situations. ”
Cependant, chaque personne est
unique, par conséquent individuelle. Étant donné ce fait, Jung pense qu’un
individu présentant une double personnalité est individuel de manière
inconsciente. Il change de masque de situation en situation et trompe ainsi les
autres. Toutefois, il lui arrive souvent de se berner lui-même quant au fait de
savoir quelle est sa véritable personnalité. Dans diverses situations il revêt
toujours un autre masque, ce pourquoi il ne peut jamais voir son véritable
visage.
Jung a appelé ce masque “ Persona ”
(c’est ainsi que l’on nommait le masque des comédiens dans l’ancien
temps) et la personnalité intérieure “ Ombre ”. En fonction du
Masque créé par le monde extérieur, l’Ombre est conformément formée par
l’inconscient. La Persona (le masque) est par conséquent une sorte de
réaction, un comportement qui s’adapte aux circonstances extérieures. La
Persona est la partie visible d’un individu. Quant à savoir ce qui se cache
dans l’Ombre, il arrive souvent que, outre l’entourage, l’individu lui-même
ne le sache pas.
L’Ombre renferme tout
ce que le Masque ne contient pas. Par exemple, un tyran d’apparence cruelle,
sans scrupules et inapprochable est à l’intérieur un individu tout à fait
indécis, tourmenté par l’angoisse et le doute. Ou encore une femme d’une
nature extrêmement féminine peut s’avérer être d’une forte volonté et
d’une grande résistance.
Ces opposés s’expliquent
facilement. L’Ombre comme le Masque disposent d’une proportion égale de
traits masculins et féminins, tout dépend donc de la proportion
de ces propriétés.
“ Avez-vous
appris à vous réjouir des obstacles ? ”
Ces mots sont
inscrits sur le mur d’un temple tibétain. Je ne sais pas si c’est de là ou
d’ailleurs que le psychologue autrichien Alfred Adler tient cette
phrase, mais elle reste la plus appropriée pour refléter la signification de
ses théories.
Adler affirme que dès
l’enfance, chaque individu ressentant un manque de sa propre valeur, il tente
toute sa vie de vaincre ses faiblesses pour enfin se sentir d’une valeur entière.
Ce désir de se sentir fort fait parvenir certains au pouvoir, d’autres à un
vague objectif final, la “ perfection ”, et d’autres encore à
la création.
En d’autres mots, le désir
d’aspiration à prendre le pouvoir, de reconnaissance et de création est
uniquement une compensation inconsciente du sentiment d’imperfection.
Mais plus l’aspiration au pouvoir s’exprime chez quelqu’un, moins sa
conscience du devoir social est développée. Ce type d’individu, qui
s’occupe exagérément de sa propre personne et brigue un pouvoir personnel,
perçoit très souvent les gens comme ses propres esclaves qui ne lui veulent
que du mal. Ce genre d’individu maintient une distance entre lui et tout le
reste. Il n’y a rien de particulier à ce que souvent les personnes se
trouvant dans le sillage du pouvoir dépassent leur propre sentiment
d’imperfection en montrant une indifférence envers leurs électeurs.
En général, nous avons besoin
de nous sentir importants. Dès que nous commençons à ressentir notre manque
d’utilité dans la société, le sentiment d’imperfection se met à se
renforcer en nous.
Comment ce sentiment se
forme-t-il ?
Si un enfant naît avec un
quelconque handicap physique, par exemple s’il présente une laideur, une
croissance anormale ou une obésité, il considère cette anomalie – faisant
parfois l’objet de sa propre fantaisie – comme un obstacle à sa réussite
et s’efforce de dissimuler ce “ handicap ”.
Ou prenons l’exemple des
enfants dits “ cruels ”, qui ne voient en tout le monde qu’un
ennemi et se comportent comme s’ils se tenaient dans le camp adverse, le but
étant d’éveiller l’attention, de gagner la considération. Même en
grandissant, ils continuent à se comporter de cette façon avec les autres.
Mais la catégorie la plus
large reste celle des enfants gâtés. Ils sont le centre du monde : autour
d’eux gravitent en permanence dans diverses trajectoires parents, grands-mères,
proches, tandis que les professeurs de musique et d’anglais traversent leur
vie tels des comètes. Quand arrive le moment de se débrouiller seul, ils ont
le sentiment d’avoir été chassés du paradis, l’affection mentale leur
manque et ils n’arrivent d’aucune façon à s’entendre avec les autres,
particulièrement avec leur conjoint qui sont d’une même “ grandeur
cosmique ” qu’eux.
La tâche du psychothérapeute
consiste à retrouver les erreurs faites au cours des précédentes étapes de
la vie et qui ont entraîné la formation d’un complexe d’infériorité, à
les expliquer au patient et, après les avoir informé des mécanismes ayant
conduit aux erreurs, à leur montrer la voie pour retrouver un équilibre
mental.
Adler nie l’existence de
facultés acquises de naissance. Il pense que tous les acquis humains sont le résultat
d’un enseignement et d’un effort appliqués, ainsi que d’une pratique
appropriée. Les plus grands résultats d’un individu ne sont pas obtenus grâce
aux qualités qu’il a héritées, mais grâce au combat intense qu’il livre
en permanence contre les obstacles se trouvant sur sa route. “ Donnez-moi
une douzaine d’enfants bien portants, bien conformés, et mon propre milieu spécifique
pour les élever, et je garantis de prendre chacun au hasard et d’en faire
n’importe quel type de spécialiste existant : docteur, juriste, artiste,
commerçant et même mendiant ou voleur, sans tenir compte de ses talents,
penchants, tendances, capacités ou de sa vocation ”, affirme non pas
Adler, mais le béhavioriste Watson. Avant d’aborder le béhaviorisme,
écoutons ce que le néo-freudien Erich Fromm a à nous dire sur le
processus de socialisation.
Le Moi et
le Pseudo-moi
D’après Erich Fromm, tout au long de sa
vie l’homme prend de plus en plus conscience de son caractère individuel. Ce
processus le conduit à s’éloigner des autres, à une solitude.
Nous savons que chaque individu
possède en lui un léger sentiment d’incertitude, dans la mesure où le système
social nous impose son rythme, nous transformant en petite roue d’engrenage.
Contrairement à Adler, Fromm utilise la psychanalyse pour tenter de libérer
ses patients non pas du sentiment d’infériorité, mais de leur sentiment de désespoir.
Ceci étant, voyons en premier
lieu comment le monde extérieur, selon Fromm, nous transforme-t-il.
L’enfant qu’un père
tyrannise se défend de telle façon qu’il adapte son système affectif à une
soumission sans condition. En grandissant, il trouve du plaisir à se soumettre
aux volontés de sa femme, sa belle-mère ou son supérieur. Ce genre de
comportement contient, certes, une part de masochisme.
Un autre enfant d’une part se
révolte contre l’autoritarisme paternel, d’autre part reproduit ensuite le
comportement de son père et peut trouver un sens à sa vie dans le sadisme, la
propension au pouvoir ou la tyrannie.
Afin d’échapper au sentiment
de désespoir, le plus simple est de renoncer instinctivement à notre
personnalité et d’adopter un modèle de réflexion que la société nous
impose. Dans ce cas précis, le Moi d’un tel d’individu est remplacé
par un Pseudo-moi et ses pensées par des pseudo-pensées. La plupart des
gens sont ainsi, mais bien entendu personne ne veut reconnaître de lui-même
qu’il n’est pas Lui, mais un Pseudo-lui. L’homme se transforme en
ce que les autres veulent voir de lui. Nous pourrions comparer ce mécanisme à
une couleur de protection qui caractérise certains animaux. Ils se fondent
tellement dans l’environnement, qu’il est presque impossible de les
distinguer de celui-ci.
Celui qui s’est lui-même réduit
à néant pour devenir le même automate que les millions d’autres qui
l’entourent, n’éprouve plus les sentiments de solitude et d’incertitude.
Le prix à payer est toutefois la perte de sa personnalité.
Je vais vous expliquer où je
veux en venir. Supposons que la majorité d’entre nous ne soit composée que
d’individus capables de penser, ressentir et agir comme bon leur semble.
Chacun croit sincèrement que ses pensées, ses sentiments et ses désirs sont réellement
les siens.
Lorsque quelqu’un dit “ moi,
je pense ”, nous vérifions avant tout si ce qu’il pense est vrai ou
faux, et non s’il le pense vraiment. La formulation “ moi, je pense ”
est toutefois loin de signifier que “ je le pense effectivement ”.
Imaginons la situation suivante.
Désirant savoir le temps qu’il va faire, nous posons la question à un pêcheur
et à deux citadins, sachant qu’ils ont tous les trois entendu les prévisions
météorologiques à la radio. Le pêcheur commence par mesurer la direction du
vent, la température, le degré d’humidité et autres facteurs, pour arriver
à une conclusion finale plus ou moins formelle. Il se souvient probablement de
la prévision météorologique annoncée à la radio, pourtant il nous dit son
propre avis, soit le résultat de ses propres réflexions.
L’un des citadins sait
qu’il ne s’y connaît pas trop en météorologie, et dit : “ Je
ne saurais juger de cela. Tout ce que je sais me vient des prévisions météo. ”
Le second citadin appartient à un autre type de personne. Dans la mesure où il
se sent obligé de répondre à toutes les questions, après un petit temps de réflexion,
il nous fait part de sa “ propre opinion ”, laquelle est
parfaitement conforme à la prévision météo qu’il a entendue à la radio.
Si nous lui demandons sur quoi se fonde son opinion, il nous répond qu’il la
déduit de la direction du vent, de la température et autres. À première vue,
l’attitude qu’il présente est la même que celle du pêcheur. Si en
revanche nous procédons à une analyse approfondie, il apparaît clairement que
“ son ” opinion n’est absolument pas la sienne, mais celle
d’un autre qu’il présente comme la sienne ; de plus, il est réellement
persuadé d’être arrivé à ce résultat au moyen de sa propre réflexion.
Sans en avoir connaissance, l’illusion d’une opinion personnelle s’est
formée en lui.
Nous pouvons observer le même
phénomène si nous étudions l’opinion des gens, par exemple sur la politique
et l’interprétation qu’ils font des événements qui se déroulent ou se
sont déroulés dans le pays. Demandons à n’importe quel lecteur d’un
journal ce qu’il pense du dernier changement des membres du gouvernement ou
des rongeurs parasites. Il va exposer comme sa “ propre ” opinion
ce qu’il a lu dans le journal, et le plus important est qu’il croit
parfaitement que ce qu’il dit est le produit de son propre esprit.
De la même façon se forme
l’opinion de masse concernant les arts. L’individu moyen, en regardant les
peintures de Raphaël ou Van Gogh, les considère comme
magnifiques et profondément marquantes, alors qu’en même temps elles ne
provoquent en lui aucune répercussion intérieure. Il les estime magnifiques
parce qu’il sait que son entourage attend cela de lui. C’est le type
d’individu qui, au théâtre ou dans une salle de concert, “ est
transporté ” par le jeu artistique.
Tout ce dont nous venons de
parler est non seulement valable pour la réflexion, mais aussi pour les
sentiments, les désirs, les intentions. Beaucoup sont persuadés que s’ils
veulent quelque chose, ils le veulent véritablement. Ceci étant, les
intentions sont souvent des illusions de désirs, tandis que les résolutions ne
sont pas nos résolutions, mais celles que l’extérieur nous a forcé à
prendre. Toutefois, nous réussissons à nous persuader d’être arrivé par
nous-même à la résolution en question. Alors qu’en réalité nous nous
soumettons seulement aux attentes des autres par goût du confort ou par une
peur instinctive.
Le fait de remplacer les véritables
pensées, sentiments et intentions par des pseudo-pensées, pseudo-sentiments et
pseudo-intentions conduit finalement à remplacer sa véritable personnalité
par une pseudo-personnalité.
Comment
différencier la pseudo-personnalité de la véritable ?
Le véritable
Moi est authentique, signifiant que les pensées, sentiments, intentions sont
indépendants des autres. Le pseudo-moi en revanche est un rôle se conformant
aux attentes des autres et que l’individu en question voit comme son propre
Moi.
Les gens sont capables de jouer
nombre de rôles différents, tout en étant persuadés qu’ils sont eux-mêmes
dans chacun de ces rôles. En réalité cependant, ils ne sont que ce que les
autres aimeraient voir. C’est pourquoi, chez la majorité des individus le
Pseudo-moi oppresse le véritable Moi. Ainsi, il arrive souvent que durant
de longues années nous étouffions nos plus grandes valeurs.
La tâche du psychothérapeute
consiste à expliquer tout ceci au patient pour ensemble reconstituer ce qu’il
a perdu. Par ce moyen, il pourra se libérer des conflits intérieurs qu’il a
été contraint de créer pour s’adapter à son environnement.
“ Être bon, c’est
vivre en harmonie avec soi-même. La cassure se fait lorsque l’on est forcé
de vivre en harmonie avec les autres ”, a dit Oscar Wilde,
probablement après une séance de psychothérapie.
Trouvez l’harmonie avec
vous-même, et vous trouverez l’harmonie avec les autres !
La seconde
naissance
La psychothérapie
ne se limite pas à une discussion en étant allongé sur un divan. Il existe également
des procédures exotiques. Comme, par exemple, la dénommée “ thérapie
du cri primal ” (primal-therapy), qui a vu le jour dans les années 1960
et se base sur les doctrines freudiennes. Arthur Janov en est le
fondateur.
Janov affirme
que la névrose est une douleur psychique qui est restée de notre enfance.
Chaque fois que dans votre petite enfance on ne vous a pas pris dans les bras,
que vous avez pleuré, que vous aviez faim ou que l’on vous a laissé sans
surveillance, vous avez souffert d’un trauma psychique. À un moment donné,
tout cela a atteint un point culminant – peut-être lorsque l’on vous a
confié à une nounou – et vous êtes devenu névrosé. La névrose s’est
donc formée de manière spontanée durant votre petite enfance, lorsque vos
parents n’ont pas satisfait vos besoins d’amour et d’attention.
D’après Ianov, la névrose
peut être soignée avec des instruments non pas habituels, mais directs et
drastiques. Sa clinique de Los Angeles est entourée de petits cabanons
ressemblant à des niches de chiens, d’où l’on entend sortir des cris sans
que personne n’y prête attention. Les patients sont d’abord soumis à une
psychanalyse de trois heures afin de déterminer les causes de leur névrose.
Puis l’on suggère aux malades qu’ils sont des petits enfants. Ils
commencent alors à pleurer, à pleurnicher et à jouer à des jeux d’enfant.
Le point culminant du voyage dans le passé est le “ cri primal ”
– premier cri du nouveau-né qui offre la possibilité au malade de se sentir
un nouveau-né sans trauma ni complexe.
La
Gestalt-thérapie
La perception
de l’individu dans la Gestalt-thérapie se rapproche de la perception de la médecine
naturelle et des méthodes thérapeutiques alternatives. La notion de gestalt
(forme, structure) ressemble à ce que l’on nomme en bioénergie égrégor,
soit un ensemble indissociable formé par des parties se trouvant en
interaction.
La Gestalt-thérapie, que le médecin
et psychanalyste berlinois Fritz Perls a développée au début des années
1950, a repris bon nombre de notions du gestaltisme (théorie de la forme),
bien que de nos jours les partisans de cette théorie tendent plutôt à le nier.
Cette tendance s’est développée entre les années 1920 et 1940, ses deux
principaux créateurs ayant été les psychologues allemands Köhler et Koffka.
Leur plus important discernement concerne la relation entre la partie et
l’ensemble.
Tout ensemble se compose de
parties. Cet “ ensemble ” peut être n’importe quoi : un
individu fait d’organes et de cellules, quelques individus présents dans une
pièce, un pays comportant plusieurs régions, une bibliothèque pourvues de
livres. Mais cet “ ensemble ” est bien plus que la somme arithmétique
de chaque partie : il ne peut fonctionner qu’avec l’unité des parties.
L’ordinateur par exemple n’est pas seulement une accumulation de puces et
autres pièces, c’est une structure qui fonctionne par le biais de
l’interaction des puces. Tout comme la molécule n’est pas seulement un
ensemble d’atomes, mais aussi leur interaction. Ou encore prenons l’exemple
du film. Lui non plus ne se limite pas uniquement à la somme des prises
successives, il est beaucoup plus si l’on considère sa qualité.
L’homme est bien plus que la
somme du cœur, des reins, du système nerveux, des capacités, des
connaissances et des désirs : il est un ensemble indissociable composé de
plusieurs parties. En même temps, les parties possèdent, elles aussi, leurs
propres composants.
En observant le psychique, nous
pouvons voir qu’il contient les sentiments, la perception, les représentations
et bien d’autres. C’est un ensemble complexe que nous voyons souvent de manière
simplifiée et nous utilisons la description en tout et pour tout d’un unique
composant pour exprimer une réaction ou un état donnés, en le prélevant pour
ainsi dire du gestalt (égrégor) psychique.
Lorsque, par exemple, nous
disons “ il m’en veut ”, nous parlons en fait seulement des
sentiments de la personne en question. Ou lorsque nous disons “ elle
ressent une douleur ”, cela renvoie à l’état compris dans la sphère
de la perception. Nous ne pouvons cependant nous limiter à présenter un unique
composant, dans la mesure où pour l’essentiel c’est l’“ ensemble ”
même qui réagit. En d’autres mots, afin de comprendre le processus
complet, il ne suffit pas d’en observer une seule partie et nous ne pouvons ne
pas considérer la relation de la partie avec l’ensemble. De la même façon,
la perception ne se limite pas à la somme des informations de la vue, de l’ouïe,
du toucher, etc. C’est une sorte de gestalt que constitue le résultat
des processus se déroulant à un niveau supérieur à la simple somme des
perceptions.
En insistant sur le fait que
représente l’uniformité, dirait le gestaltiste, l’unité du psychique et
du physique est élevée au même plan que l’unité de l’esprit et du corps.
Lorsque par exemple une personne danse, ceci relève-t-il de la seule somme
arithmétique du psychique et du physique ? Naturellement, non. Ou
lorsqu’un individu ressent une joie ou une peur, pouvons-nous conclure de son
état psychique sur la base de signes physiques d’émotions tels que les
gestes ou la mimique ? Oui, nous le pouvons. En voyant ceci, nous en déduisons
une conclusion et ceci sans nous tromper.
L’insight
Les
psychologues gestaltistes, tout comme les naturopathes sont persuadés que
l’homme dispose d’une vision non seulement oculaire, mais aussi psychique,
c’est-à-dire mentale. Ils entendent par ceci que les processus
d’association d’idées ne peuvent être exprimés par des mots, et se déroulent
à la frontière du conscient et de l’inconscient. À ceci appartient également
l’intuition, ou plutôt la capacité de saisir dans leur totalité les
circonstances au moyen de notre vision mentale, et sur la base de laquelle nous
déduisons une conclusion appropriée.
Au lieu du mot “ intuition ”,
la Gestalt-thérapie utilise le terme plus approprié de “ insight ”,
lequel signifie illumination. La réflexion véritable ayant “ un
caractère insight ”, l’insight correspond à la capacité de
l’individu à pouvoir saisir immédiatement, à “ gestalter ”,
soit condenser en une entité unique les éléments partiels d’événements,
de phénomènes, de comportements personnels ou de tierces personnes. Il arrive
souvent que l’arbre cache la forêt, cela nous conduisant à ne pas pouvoir résoudre
un problème donné. Le thérapeute aide le patient à rassembler les parties éparpillées,
et par la voie de l’insight, la compréhension intuitive des situations
compliquées de la vie, le conduit à en trouver la solution.
Pourquoi
devons-nous “ être éclairés ” lors d’une consultation chez le
psychothérapeute ?
Ce n’est pas
seulement pour repêcher de notre “ poubelle ” psychique bon
nombre de “ brouillons froissés ” et d’en “ malaxer ”
un bon récit, c’est aussi pour pouvoir faire l’expérience du monde tel
qu’il est, en éliminant la compréhension humaine.
Le psychologue américain Erhard
atteint cet objectif de la manière suivante. Au début d’une thérapie de
groupe archicomble à 400 dollars les 60 heures réparties sur deux week-ends,
l’assistante explique les règles de base ci-après : durant cette période,
il est interdit de manger, boire, fumer, discuter et prendre des notes. Après
cela, le psychothérapeute commence à s’exprimer : quelques heures
durant, il blesse les participants, les traite d’abrutis, de gros nigauds et
dont la vie ne vaut pas quatre sous. Il explique que dans le monde, rien n’est
ni bon ni mauvais. L’esprit humain est tel qu’il impose ses jugements au
monde neutre, alors que dans le monde rien n’est défini et personne n’a idée
de rien. Si une chose existe, elle existe sans tenir compte de ce que nous en
pensons. Et chacun doit prendre conscience de ceci. Seule l’expérience est
pourvue d’une réalité, et non la raison, la croyance, la logique ou la compréhension.
Si nous voulons réussir à comprendre le sens de la vie, nous devons alors écarter
tout ceci.
Puis s’ensuivent de longues
heures d’exercices et de méditation. 80% des participants reconnaissent que
tout ceci leur a été bénéfique. Parmi les psychiatres, nombre d’entre eux
prennent également part à cet entraînement pour ensuite le conseiller
vivement à leurs patients. La littérature spécialisée mentionne qu’un
groupe de 250 personnes, composé de psychiatres, d’enseignants et de
juristes, “ après avoir terminé les rudes épreuves ” aurait
salué Erhard par une ovation.
Les
avantages de la thérapie de groupe
En général,
les spécialistes de la Gestalt-thérapie ne s’occupent pas de grands groupes,
mais travaillent avec des groupes se réduisant à 12-15 personnes. Le groupe ne
dispose ni d’un chef désigné (même pas en la personne du psychothérapeute),
ni d’un ordre du jour défini. La consigne est que le participant, sur la base
de sa propre expérience, apprenne “ ici et maintenant ” et non
“ là-bas et à ce moment-là ” à l’extérieur. On attend des
participants qu’ils manifestent ouvertement leurs sentiments et leurs réactions
en relation avec ceux des autres participants. Le slogan est donc “ ici
et maintenant ” : l’attention principale est fixée sur les expériences,
les bruits, les regards, les sensations physiques en présence. Les activités
de groupe se construisent sur la confiance, l’honnêteté et l’ouverture. De
cette manière, les participants voient leur attitude de défense psychique extrême
s’amenuiser, leur capacité relationnelle s’améliorer, et peuvent ainsi
accroître durablement leur confiance en soi.
Contrairement à la psychothérapie
de groupe classique, en naturopathie le nombre de participants à une séance de
groupe n’est pas limité. Le travail peut s’effectuer simultanément avec
deux personnes, comme l’on peut travailler avec un vingt personnes, un public
remplissant un stade de cent milles places (il en existe des cas) ou encore des
millions de personnes (télé-thérapie).
La psychothérapie de groupe et
la naturopathie de groupe présentent de tels avantages qu’ils en compensent
les désavantages (provenant de l’effectif du groupe). L’un d’entre eux
est l’exploitation de l’action inductive de la dynamique de groupe,
à savoir que le participant, qui a déjà obtenu des résultats significatifs
au cours du traitement, a une action bienfaitrice sur un partenaire réagissant
moins au traitement. La solution optimale pour une thérapie peut être trouvée
en combinant les séances individuelles et de groupe.
La
consultation familiale
La consultation
familiale est l’un des domaines les plus utilisés de la Gestalt-thérapie.
La famille est un organisme vivant composé de plusieurs éléments partiels.
Comme toute autre créature vivante, la famille consomme une nourriture énergétique
sous la forme de “ petits plaisirs ” – promenades en forêt,
achats, fête d’anniversaire, mariage, baptême. Toutefois, cette créature
vivante possède aussi des “ produits finals métaboliques ”,
comme par exemple les offenses réciproques, la jalousie, l’énervement, les
manifestations égoïstes de l’un des membres. Si ces “ produits résiduels ”
sont éliminés comme il se doit, tout va bien au sein de la famille et chacun
est heureux. Si en revanche “ le conduit du tout-à-l’égout est bouché ”,
les impuretés ne font que s’accumuler dans la famille. C’est la raison pour
laquelle le psychothérapeute traitant les conflits de famille peut être comparé
à un ouvrier spécialisé dans le nettoyage public et la prévention des
engorgements.
C’est aux USA que se trouvent
le plus de psychothérapeutes familiaux.1 Je pense d’ailleurs que
la Californie à elle seule en possède plus que tous ceux réunis dans le reste
du monde. En Hongrie, par exemple, il y a très peu de psychologues familiaux.
Pourquoi donc ? Parce qu’il n’est pas coutume d’“ étaler son
linge sale ”. Ma maison est ma forteresse. Assurément, beaucoup habitent
ainsi “ dans leur forteresse remplie de saletés psychologiques ”.
Par conséquent, si pour le
psychothérapeute la thérapie familiale est une sorte de “ prévention
des engorgements ”, pour les conjoints, en revanche, elle peut être une
sorte d’assortiment de jeux. Si vous en ressentez le besoin, je vous demande
d’essayer les jeux suivants :
Dos à dos :
asseyez-vous sur un tapis, dos à dos. Parlez sans vous retourner durant
quelques minutes, puis échangez les impressions que cela vous a procuré.
L’un assis,
l’autre debout : l’un des
partenaires est assis, tandis que l’autre se tient debout. Parlez dans cette
position de la relation que vous entretenez, puis quelques minutes après
changez de place, afin de pouvoir tous les deux essayer les situations “ plus
élevée ” et “ plus basse ”. Échangez vos opinions.
Les yeux dans
les yeux : durant quelques minutes,
regardez-vous l’un l’autre intensément dans les yeux. Pendant que vous êtes
face à face, vous ne devez pas parler. Échangez vos opinions.
L’échange
de chaise : asseyez-vous l’un en
face de l’autre, chacun sur une chaise. Les parties ont respectivement 3
minutes pour expliquer à l’autre ce qu’elles pensent. Pendant que l’un
parle, l’autre ne peut ni l’interrompre, ni en discuter. Vient ensuite une
inversion des rôles. Dans la seconde partie du jeu, vous devez vous mettre dans
la situation de l’autre (le mari dans celle de sa femme et inversement) et
donner un avis sur vous-même en vous positionnant selon l’optique de votre
conjoint.
Janette Rainwater,
thérapeute gestaltiste américaine, conseille le jeu suivant :
La réalisation
des désirs secrets : rédigez sur
papier, séparément l’un de l’autre, une liste des vœux que vous aimeriez
que votre conjoint réalise. Assurez-vous que vous avez bien écrit sur cette
liste tout ce que vous n’oseriez jamais demander à votre conjoint. Échangez
vos papiers, puis chacun votre tour lisez – point par point – les souhaits
respectifs. À la fin des listes, exposez l’un à l’autre vos pensées, vos
sentiments et vos impressions.
Choisissez une soirée pour
accomplir chacun des vœux. Durant la première soirée, l’un des partenaires
qui exauce les souhaits le fait de telle manière qu’il choisit ceux de la
liste qu’il aimerait réaliser le plus volontiers. Ceux qui sont irréalisables
ou pour lesquels il n’en a pas l’envie peuvent être laissés de côté sans
aucun remord. Pendant la deuxième soirée, les conjoints échangent leur rôle.
Tout cela a plus d’utilité s’ils consacrent deux soirées différentes pour
réaliser les souhaits. Et c’est tout simplement parfait si les parties
approchent la question de manière créative et offrent chacune un petit supplément
à l’autre. Là, évidemment, il faut veiller à ce que le supplément plaise
vraiment à votre partenaire et ne vise pas à exaucer vos propres souhaits.
Il existe des milliers d’autres moyens pour aider un mari
et une femme à s’adapter l’un à l’autre, à résoudre des conflits
existants. Si vous avez des problèmes de cette nature, “ ravalez votre
fierté ” et demandez les conseils d’un psychologue familial. Je vous
souhaite bonne chance, à vous comme à votre conjoint !
L’opinion
du psychologue existentialiste
L’existentialisme
est un courant philosophico-psychologique, né en France vers les années 1930,
et dont l’un des fondateurs était Jean-Paul Sartre.
Selon Sartre, l’une de nos
expériences fondamentales qui détermine nos relations avec le monde extérieur
provient du vécu de l’absurdité et des aléas de la réalité. C’est cette
expérience qui nous rend solitaires. Nous nous trouvons dans un vide
existentiel qui n’est rien d’autre que l’expérience du non-sens de la
vie. Posons-nous la question de savoir : qu’est-ce que l’existence ?
Qui suis-je ? Où vais-je ? Les réponses données à ces questions
nous délivrent de ce sentiment.
Comment réagissez-vous à
votre anniversaire ? Que vous bénissiez ou vous maudissiez le jour de
votre naissance, ou encore que vous y soyez indifférent, dans tous les cas vous
exprimez un jugement de valeur à l’égard de votre naissance et votre
existence.
Si vous souhaitez résoudre vos
conflits intérieurs, vous devez avant tout éliminer vos désirs irréels. En
second lieu, vous devez prendre conscience que tout ce qui vous entoure n’est
en soi ni bon ni mauvais. Que quelque chose soit noir ou blanc dépend
uniquement de la relation que vous avez avec. Si vous voulez vivre de manière
équilibrée, faites preuve de force et de persévérance pour trouver un
travail intéressant. Il est important de ne pas vous sentir comme une fourmi
robotisée et d’avoir suffisamment de temps libre que vous pouvez utiliser à
bon escient.
Les tentatives
conduisant à retrouver notre existence nous ramènent à nous-mêmes.
Nous sommes insatisfaits de notre vie et fustigeons les circonstances en voyant
en elles la raison à nos problèmes, au lieu de la chercher en nous-mêmes.
Pour se trouver soi-même, il faut jeter son dévolu sur soi et consolider sa
position intérieure. Ce n’est qu’en prenant cette voie que vous pourrez
retrouver les valeurs capables de donner un sens réel à votre vie.
Qui
ne risque rien n’a rien
“ Les
freudiens se trompent. La névrose n’est autre qu’une mauvaise habitude.
L’objet de la psychologie n’est pas la conscience, mais la conduite. ”
En bref, c’est ainsi que nous pourrions présenter l’essentiel de la thérapie
de comportement. Les méthodes des courants psychologiques figurant précédemment
se fondaient sur une opinion formulée à partir des processus psychiques
propres à l’individu. Dans la mesure où ces points de vue sont subjectifs et
peuvent ainsi être erronés, les représentants du béhaviorisme – étude du
comportement – sont passés à des expériences effectuées sur des hommes et
des animaux.
Edward Thorndike,
un des pionniers du béhaviorisme, a, pour commencer, pratiqué des expériences
sur des enfants de maternelle. Les enfants, assis en face du chef d’expérimentation,
devaient trouver les différents mots, objets, chiffres auxquels celui-ci
pensait. Celui qui réussissait recevait en récompense du chocolat.
La raison de cette expérience
était la suivante. La pensée est un acte non seulement de réflexion, mais
aussi de mouvement. Lorsque nous “ réfléchissons en nous-même ”,
sans nous en apercevoir les muscles de l’organe de la parole se mettent également
en mouvement. Généralement notre entourage ne perçoit pas ces mouvements. La
question se pose toutefois de savoir s’il est possible d’apprendre à “ lire ”
les micro-mouvements des muscles des organes de la parole, c’est-à-dire les
pensées elles-mêmes ? Il s’est avéré que c’était possible.
Lorsque la direction de
l’université a interdit à Thorndike de pratiquer ses expériences avec des
enfants, ce dernier les a poursuivies sur des animaux. Il a appris à des
poussins comment traverser un labyrinthe, ainsi qu’à des chats et des chiens
comment se sortir de la “ boîte à problème ”. L’animal ne
pouvait sortir de la boîte et recevoir une récompense que s’il enclenchait
un mécanisme spécial. Au début, les animaux sautaient ici et là, griffaient,
mordaient, jusqu’à ce que l’un de leurs mouvements s’avère efficace.
Avec le procédé des tentatives et des erreurs, les animaux sont donc arrivés
par hasard à un résultat positif. Au cours des essais suivants, le graphique
du chef d’expérimentation a montré que le nombre de mouvements inefficaces
avait diminué.
Le principe du “ qui ne
risque rien n’a rien ” se caractérise chez les animaux comme chez les
humains, affirment les psychologues du comportement. L’individu va à
l’avenir reproduire dans des cas similaires les actions réussies dans une
situation donnée. L’inverse est tout aussi vrai : il ne reproduira
vraisemblablement pas une action ratée dans une situation donnée. La
totalité de notre comportement se fonde sur les tentatives et les erreurs,
ainsi que les expériences de réussite et d’échec que nous en avons tirées.
Les béhavioristes assimilaient
l’homme à un gros rat de laboratoire. Plus tard, dans leur concept idéologique
le “ rat de laboratoire ” est devenu un robot disposant d’un
programme propre. L’organisme vivant est, dit-on, capable d’agir
convenablement et de modifier son comportement en fonction des circonstances
changeantes.
Comment le
thérapeute du comportement soigne-t-il ?
Si un patient
se plaint d’une agoraphobie, le thérapeute du comportement part de l’idée
que “ le stimulus plus fort écrase le plus faible ”. C’est
pourquoi, après une relaxation préalable, il vous demande d’imaginer que
vous vous élevez de plus en plus haut. Étant donné que la relaxation est
l’antagonisme de la peur, que ce soit dans l’imagination ou dans la réalité,
elle dominera l’agoraphobie.
Si vous êtes angoissé par ce
que l’avenir vous réserve, le psychologue du comportement – après la
relaxation que vous commencez à bien connaître – vous montrera peut-être
une cassette vidéo sur laquelle du sang se déverse en ruisseaux.
Si un patient souffre de problèmes
liés à l’alcool, on lui offre pour commencer un verre de vin, et immédiatement
après on déclenche en lui une quelconque réaction désagréable, par exemple
une envie de vomir. À partir de là, un réflexe conditionné négatif se forme
chez le patient en relation avec la consommation d’alcool.
Si un patient a des problèmes
de confiance en soi, le thérapeute du comportement le place dans des situations
imaginaires les plus diverses et l’exerce à trouver le comportement approprié.
Durant les “ essais ”, au moyen du développement d’un réflexe,
le patient apprend la forme de comportement à adopter pour qu’ainsi le
sentiment de confiance en lui se développe également à l’extérieur.
Un psychologue du nom de Moreno
a transformé les situations imaginaires en un jeu de scène, qu’il a appelé
“ psychodrame ”. Si vous vous trouvez chez un psychologue qui
utilise cette méthode, vous devrez alors jouer des situations improvisées avec
les autres patients, qui provoqueront en vous de l’incertitude. Étant donné
que vous vous exercez à cette situation dans le cadre d’une activité
psychothérapeutique, vous pouvez forger un style optimal nécessaire et ainsi
voir disparaître les symptômes de votre maladie antérieure.
Les psychologues du
comportement enseignent également aux patients les différents procédés de relaxation.
La relaxation est pour l’essentiel une décontraction, visant à faire
diminuer le stress. Mais il est bien rare de voir que des maladies d’organes
internes soient guéries seulement avec la relaxation. Cela exige en
outre une suggestion.
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